Monsieur le Président,
Madame, messieurs les ministres,
Chers collègues,
La motion proposée au Parlement a été rejetée par le Gouvernement. Elle propose de placer des gabarits pour éviter que des méga-camions ne s’aventurent sur la route qui mène au Tunnel problématique de la Roche. Dans sa prise de position, nous nous demandons si tous les paramètres déterminants ont été pris en compte par le Gouvernement.
Tout d’abord, précisons ce que nous entendons par « méga-camion » ; en Suisse il s’agit d’engins qui mesurent 2.55 m de large, de 4 m de haut et d’une longueur de 18.75 mètres. Leur poids ne peut excéder les 40 tonnes ; dans certains pays, une tolérance de 60 tonnes est accordée.
Ceci précisé nous aimerions relever quatre arguments qui militent en faveur de la motion. Motion qui va dans le sens d’une amélioration, d’une part, de la fluidité du trafic, de réduire, d’autre part, les risques de délabrement des infrastructures du tunnel certes, mais aussi de son accès.
Premièrement, tout le monde est prêt à admettre que la route de Glovelier à Montfaucon n’a pas été construite pour des méga-camions de 40 tonnes aux dimensions impressionnantes. Le passage de ces « monstres » crée inéluctablement des tassements de la route ; les effets sur la falaise située à l’ouest du tunnel ne peuvent que provoquer une instabilité dans les parois rocheuses. Le dernier éboulement a obligé le canton à mettre en place une installation de contrôle, sans doute très onéreuse. Un nouvel éboulement est sans doute à craindre avec les conséquences douloureuses qu’il pourrait engendrer. Cette route n’est pas faite pour les méga-camions, tout le monde en convient.
Deuxièmement, l’ouverture de la Transjurane sur la France amènera encore davantage de trafic sur cette route, donc encore plus de camions disproportionnés. A ce jour, ce sont fréquemment des méga-camions immatriculés dans le Nord de l’Europe qui fréquentent hasardeusement la H18, surtout en provenance de Bâle. La Transjurane drainera assurément des véhicules inappropriés de France, d’où une augmentation de la dangerosité sur la route Glovelier – Montfaucon.
Troisièmement, le prochain achèvement des travaux de la Transjurane, prévu en 2016, permettra aux méga-camions d’emprunter une voie d’accès adaptée aux montagnes de l’Arc jurassien par Tavannes, et non pas par Saint-Brais et les autres villages des Franches-Montagnes. Delémont – Tavannes se fera en une petite demi-heure. Même si la H18 entre Glovelier et La Chaux-de-Fonds est en voie d’achèvement et améliore la sécurité dans les localités notamment par la création d’ îlots, les effets de ces « freins » à la vitesse dans les agglomérations constituent des obstacles difficilement franchissables pour les méga-camions qui doivent s’y prendre à plusieurs reprises pour les passer, non sans dégâts d’ailleurs.
Finalement, nous voudrions ici relever qu’il y a aussi des saisons bien marquées aux Franches-Montagnes. Hiver dit conditions de circulation difficiles. Il n’est pas rare que des camions soient bloqués, en particulier en amont de Saint-Brais. Les camions sont immobilisés par les neiges ou la glace, les chauffeurs doivent chaîner leurs roues, avec les risques et les désagréments qui en suivent.
Il y a des méga-camions, mais il y a, à l’évidence, des routiers, des chauffeurs, qui font leur travail au mieux. Naïvement, ils empruntent une voie, celle de Glovelier à Montfaucon, qui leur réserve bien des surprises. Il faut les considérer, ces braves chauffeurs, dans leur désespoir lorsqu’ils doivent rebrousser chemin et faire demi-tour, avec plusieurs dizaines de véhicules derrière leur camion et en sens inverse. Ils ont la mine déconfite !
Pourquoi ces routiers, en provenance par exemple de Lituanie ou de Pologne comme hier matin à 10h45, se hasardent-ils jusqu’au Tunnel de la Roche ? Parce qu’il y a des appareils électroniques, les GPS, qui les guident naïvement sur un itinéraire dangereux, inadapté pour eux-mêmes, pour les véhicules qu’ils conduisent, pour les automobilistes et surtout pour les habitants des villages bordiers.
Par cette motion nous demandons par exemple que des gabarits limitant la hauteur et la longueur des camions soient apposés sur les panneaux indicateurs à Delémont, à Glovelier , à Saignelégier et à Montfaucon.
Les camions seront alors dirigés sur une autoroute flambant neuve, adaptée aux normes légales actuelles. Poser des gabarits et procéder à une signalisation idoine présentera alors deux avantages incontestables :
1. cela empêchera que des situations périlleuses ne se présentent entre Glovelier et Montfaucon, ce sera une œuvre d’utilité publique. Une œuvre d’utilité publique pour les habitants des Franches-Montagnes, pour les utilisateurs du Tunnel de la Roche, pour les routiers abusés par leurs GPS.
2. le 2ème avantage est péremptoire: le creusement d’un nouveau tunnel de la Roche se révélera alors inutile, puisque seuls des véhicules « normaux » emprunteront le tracé en question. Spéculer sur la promesse qu’un tunnel verra le jour dans les 10 prochaines années relève de la chimère… les finances cantonales ne le permettront tout simplement pas.
Au vu des arguments développés, nous vous demandons d’accepter la motion qui vise à résoudre un problème lancinant, embarrassant, qui pèse sur les utilisateurs, sur la population bordière et… sur les politiciens depuis plusieurs décennies !
Elle permettra à vil prix de faciliter les transports routiers sur cet axe, elle permettra d’améliorer la sécurité dans les routes et les villages, elle permettra d’éviter des études et des coûts pour lesquels le canton n’a pas les moyens.
Merci de votre attention.
JD Tschan, député suppéant PCSI, Le Noirmont
© Crédit Photo www.jura.ch
