Motion no 1122
N’y allons pas par quatre chemins et venons-en directement à l’essentiel : le Gouvernement propose au Parlement d’accepter la présente motion sous forme de postulat. Soit ! Mais je crains beaucoup que le problème de l’enseignement de la langue allemande ne stagne et termine, dans quelques années, au fond d’un tiroir. Et meurt dans quelques années sur une liste des postulats non traités…
Pourtant, pourtant, tout le monde, à peu près tout le monde admet que l’apprentissage de l’allemand pose problème. Les résultats obtenus après 6 ans sont la plupart du temps insuffisants, trop souvent nuls ! Au terme de la scolarité obligatoire les acquis en allemand ne correspondent pas à l’investissement consentis tant par les élèves que par les enseignants
Pour que tout soit bien clair, il serait outrageant de mettre en cause les élèves, du primaire ou les étudiants du secondaire I et II. S’ils ne savent pas l’allemand, ce n’est pas de leur faute. Il faut donc situer la problématique dans le camp des enseignants certes, mais surtout au niveau de la formation des enseignants. C’est là, à mon sens, que réside l’essentiel de la problématique.
Cependant, je ne saurais ici omettre de viser une autre lacune du système de formation de nos enfants, il s’agit de l’enseignement du français. La méthode globale utilisée dans nombre de classes du primaire est en opposition à la formation d’une structure mentale propice à l’apprentissage des langues étrangères. Les groupes bleus, verts, rouges, jaunes, etc., comme sont dénommées les fonctions grammaticales n’aident pas à l’analyse et à la compréhension de la langue allemande. Ceci dit, ce n’est pas l’essentiel, mais c’est une explication de l’insuffisance des acquis en allemand.
Passons à l’objet de la motion : les lacunes du système de formation des enseignants de la langue allemande sont reconnues et admises. En un mot, les connaissances linguistiques des enseignants se révèlent, dans la majorité des cas, lacunaires. Pourquoi ? Parce que les exigences de base pour l’obtention du bachelor sont notamment insuffisantes. Trop nombreux sont les étudiants à la HEP-JEJUNE qui sortent avec une note suffisante en allemand, alors que leurs connaissances sont médiocres ! La HEP-BEJUNE fait passer un examen « Hausgemacht » (comme on dit en allemand), examen qui n’a aucune valeur formelle !
Le système de la formation des enseignants au primaire, les instituteurs et institutrices donc, sensé les former à l’enseignement de l’allemand, pose un grand problème. En effet, les futurs enseignants au primaire, qu’ils sévissent dans les petites classes (de 1 à 4) ou dans celles de 5 à 8, doivent répondre aux mêmes exigences pour obtenir le même diplôme. Cela signifie que l’on exige de celles et ceux qui n’enseigneront jamais l’allemand d’atteindre un niveau semblable à celles et ceux qui devront l’enseigner. De manière inéluctable, nous pouvons conclure que le niveau à atteindre ne doit et ne peut être élevé. En fait c’est comme si l’on formait des électriciens qui n’y connaissent rien en électricité…
Renseignements pris auprès des autorités compétentes, il appert que le bachelor acquis au terme des études à la HEP-BEJUNE doit correspondre aux normes confédérales. C’est à ce niveau-là qu’il faudrait agir activement et rapidement !
D’autres inepties sont à relever au niveau de la formation des enseignants de l’allemand. Parmi celles-ci, il faut savoir que l’obtention de la maturité fédérale permet à des candidats de passer avec une note de 2. Pourquoi ? Parce que le règlement en la matière autorise qu’une branche comme le français, le français ou les math puisse être remplacée par une autre branche, comme la musique, les arts créatifs ou le sport.
En conséquence, il est fréquent, comme nous l’a révélé la HEP-BEJUNE, que des futurs enseignants d’allemand débarquent avec des connaissances très limitées. Ces futurs enseignants qui ont détesté la langue de Goethe tout au long de leur cursus scolaire, ces futurs enseignants qui ne la maîtrisent pas, ces futurs enseignants qui ne pourront pas la faire apprécier à leurs élèves.
Après avoir pris des contacts avec la HEP-BEJUNE, je constate qu’il y a une prise de conscience de l’étendue du problème ; mais je constate qu’il y a aussi, à regret il faut le dire, un sentiment d’impuissance pour donner un sens positif à l’enseignement de la langue allemande aux futures générations.
Ne l’oublions pas, l’allemand joue un rôle prépondérant en Suisse, c’est une vérité de la Palice. Mais une grande partie de l’industrie « Made in Switzerland » est orientée vers l’Allemagne, les entreprises de la machine outils recherchent abondamment de main d’œuvre qui parle l’allemand ; dans le plus grand groupe horloger de Suisse l’allemand est primordial. Je ne dirai pas que pour se faire hospitaliser à Bâle, il est préférable de pouvoir comprendre et s’exprimer en allemand…
Bref, la langue allemande revêt une importance capitale dans la formation.
Nous en sommes, vous en êtes conscients… une réflexion de base s’impose, qui devrait aboutir une amélioration des acquis scolaires en passant par une formation valorisée des futurs enseignants.
Jean–Daniel Tschan