Primes des caisses maladie 2024 à la hausse

Prochainement le Conseil fédéral annoncera les montants des primes des caisses maladie pour l’année prochaine. Selon les premières estimations, l’augmentation devrait être en moyenne de 6 à 7%. Les estimations sur les augmentations des  primes 2024, selon Santésuisse, seront de l’ordre de +3.9% dans le canton du Jura, de +10.5% à Berne et de 9.9% à Neuchâtel. 

Les raisons évoquées pour l’augmentation des primes en 2024 sont les suivantes ;

  1. les réserves des caisses maladie se sont effondrées notamment à cause du COVID. La perte de 1,7 milliard enregistrée dans l’assurance obligatoire des soins (AOS) en 2022 devra être compensée. 
  2. La compétition pour les prix les plus bas force des caisses maladie à baisser leurs primes une année pour se retrouver en difficulté l’année suivante… et elles doivent à nouveau les augmenter.
  3. La croissance des frais de la bureaucratie est motivée, selon Comparis, aux lourdeurs administratives. De plus, cette spirale haussière est encore aggravée par les salaires désobligeants de la direction des trop nombreuses assurances maladie.
  4. Le manque de médicaments génériques produits à l’étranger, engendre une hausse de leurs prix. En plus, ils sont, par exemple, ainsi deux fois plus chers en Suisse qu’à l’étranger.
  5. L’augmentation du nombre de physiothérapies a été conséquente, de l’ordre de 10%. Il en est de même avec la politique mise en place dans le domaine des soins psychologiques qui a un coût exorbitant. 
  6. La mise en œuvre de l’initiative sur les soins infirmiers a aussi créé une hausse des charges dans la médecine. Ce phénomène lié à la votation de 2022 n’en est qu’au début de sa mise en œuvre.

En fonction de ces diverses causes présentées ci-dessus, nous pouvons dire que le problème est vaste et touche un certain nombre de domaines où les politiciens.nes auraient une marge de manœuvre. Mais il y a des points sensibles qui ne sont jamais abordés en Suisse. 

  • Prenons le cas des hôpitaux. Depuis plusieurs années, leur nombre est discuté dans le sens d’une réduction. Mais le problème demeure quasi intouchable. Fédéralisme oblige ! Le cas de l’hôpital de Moutier est révélateur du malaise. Avec trois hôpitaux pour 130’000 habitants, plus ceux de Bienne, la Chaux-de-Fonds et Bâle à quelques encablures, c’en est trop pour le canton du Jura et le Jura bernois! 
  • Le personnel du monde médical en Suisse, mais en Europe aussi, est scindé en deux catégories. D’une part il y a la branche des infirmiers.ères. Après 6-7 ans d’études leurs salaires sont ridiculement bas avec des exigences très élevées. Le résultat est simple : ils.les quittent la profession après une dizaine d’années.  D’autre part il y a la branche des médecins. Il demeure en Suisse des généralistes qui, sans surprise, ont été formés pour la plupart à l’étranger. Ils viennent en Suisse car les conditions salariales sont nettement plus avantageuses. Et puis il y a les spécialistes qui gagnent très -trop !- bien leur vie. Nous pouvons dire que les salaires dans le monde médical devraient être revus et corrigés, à la hausse pour certains.es, à la baisse pour d’autres.

 

En conclusion, nous constatons que la problématique des primes de l’assurance maladie arrive à un point de non-retour. Les Chambres fédérales devront revoir leurs conditions générales en apportant des changements structurels déterminants. Cependant il faut savoir que le lobby des assurances est très puissant à Berne. C’est pourquoi les élections fédérales d’octobre prochain seront d’une importance considérable sur le paysage de la santé en Suisse.

 

Jean-Daniel Tschan

Ancien député

Le Noirmont  

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